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Du neuf, spécial Japon politique après les élections du 21 juillet 2013

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Le pouvoir du premier ministre japonais Shinzô ABE (安倍 晋三) vient d’être conforté au moins pour les quelques années qui viennent ; son parti, le PLD, parti libéral démocrate (Jimintô 自民党), allié au parti le nouveau komeito (公明党le parti éclairé) détient désormais, depuis les élections du 21 juillet 2013, la majorité des sièges dans les deux chambres du parlement japonais (voir fiche, Encadré n°1). Cela achève la reconquête d’un pouvoir qui avait été perdu après avoir gouverné le Japon pendant un demi-siècle. Le PLD avait commencé à perdre un peu de son pouvoir avec les élections sénatoriales de 2007, gagnées par le PDJ, parti démocrate du Japon (民主党, Minshutô). Ensuite le PDJ gagna les élections de députés de 2009, lui permettant de prendre la tête du gouvernement, mais ne confirma pas sa suprématie lors des sénatoriales de 2010. Le retour au pouvoir du PLD s’est fait avec sa victoire aux législatives de décembre 2012 (voir fiche Encadré n°3, une petite histoire politique récente du Japon). Shinzô Abe redevint alors premier ministre, menant dit-on, jusqu’à aujourd’hui, une politique en deçà de ses options, en attente des sénatoriales que son parti vient de gagner.
Il est maintenant assuré du pouvoir pour 3 ans au moins (les prochaines sénatoriales) et peut calmement essayer de cheminer vers les objectifs qu’il a affichés et dans un contexte économique qu’il a réussi à améliorer. Sa politique économique dite « Abenomics », avec l’aide de la banque centrale du Japon, a réussi à changer le climat des affaires. En faisant perdre un peu de sa valeur au Yen face au dollar, en stoppant la déflation par une politique monétaire expansionniste, elle a obtenu une perspective de croissance réelle de 2% pour 2013 (données du FMI de juillet 2013), avec un chômage qui est inférieur à 4,5% de la population active. Cela lui permet sur cette question économique d’enregistrer un taux de satisfaction dans les sondages de l’ordre de 60% auprès de la population.
Les objectifs affichés par Abe sont en particulier de faire du Japon un pays doté d’une véritable armée pour être capable de se défendre face à la menace Nord-Coréenne – et sous-entendu Chinoise. Pour être aussi un allié plus efficace des Etats-Unis, partout dans le monde. Cela signifie abandonner l’article 9 de la constitution qui a fait du Japon un pays renonçant à la guerre et renonçant à disposer de forces armées. Cela sera facilité si l’on peut modifier la constitution plus aisément en réécrivant tout d’abord l’article 96 pour se contenter d’une majorité simple des deux chambres. Actuellement il faut un vote des 2/3 des deux chambres suivi d’un vote majoritaire des électeurs pour réviser la constitution. Un autre objectif est aussi de remettre en marche les réacteurs nucléaires et de revenir sur la décision de sortie du nucléaire pour 2030, décision prise d’une manière peu claire par ses prédécesseurs au gouvernement.
La force du bloc conservateur est renforcée par cette victoire écrasante aux élections. Elle s’appuie en premier sur l’oligarchie économico-politique au pouvoir qui est héritière de celle qui dominait déjà entre deux guerres et qui a échappé aux purges d’après la défaite : face à la menace communiste, l’occupant américain, par la volonté de Mc Arthur a stoppé les procès et les interdictions et a remis en selle cette oligarchie au pouvoir à l’époque du Japon militariste d’avant 1945. Face au bloc conservateur, les forces de gauche ont été rares et éclatées, en dehors du Parti communiste et les forces centristes dispersées. Leur rassemblement au sein du PDJ ne s’est fait ni sur une ligne politique claire ni sur des idéaux bien affirmés et s’il a tenu un certain temps dans l’opposition, il s’est essoufflé au pouvoir et face aux difficultés. On retrouve une fois de plus un éparpillement de partis politiques typique au Japon de la désorganisation face au bloc conservateur (voir fiche Encadré n°2 sur les multiples partis politiques). Désorganisation qui va jusqu’à l’évitement et de fait le PLD n’a obtenu la victoire aux sénatoriales que par le vote de 23% des électeurs japonais. En effet seuls moins de 53% des électeurs ont pris part au vote et les PLD a obtenu sur ce vote moins de 43% des voix. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on est très loin d’un enchantement général. Toutefois le bloc conservateur détient les rênes du pouvoir, parviendra-t-il à mener le Japon dans la direction souhaitée et affichée par son premier ministre ?
Les intellectuels et universitaires japonais opposés à ces options le craignent fortement. Mais le succès de ces tentatives n’est pas évident. En effet au sein même des deux partis du bloc conservateur au pouvoir nombre de députés et sénateurs n’y sont pas favorables. Certaines questions comme le nucléaire ou celles de l’inclusion ou non de l’agriculture dans les négociations de libre-échange avec les Etats-Unis et leurs alliés du TPP (TransPacific Partnership), traversent les coalitions et les partis politiques. Elles pourraient déclencher des mouvements dans la société civile. Celle-ci parait encore terriblement timorée au regard de ce que l’on observe en Europe – ou au moyen Orient- mais à l’occasion de ces questions, le nucléaire, le TPP, peut-être la révision de l’article 9, elle pourrait être capable d’une mobilisation plus grande. Le bloc conservateur, divisé, ne s’appuie pas sur l’adhésion d’une majorité populaire, mais sur une acceptation d’un ordre apportant un peu de croissance et ce n’est pas là l’assurance de pouvoir assurer démocratiquement la réalisation des objectifs affichés par le premier ministre Abe.


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