Convivialism in English
TRIBUNE accueille ici mes points de vue convivialistes liés à l'actualité.
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L’humanité part en ordre de plus en plus dispersé pour affronter les difficultés - techniques, sociales, écologiques - qui se dressent devant elle. Il serait pourtant indispensable de faire cesser nos divisions tout autant à l’échelon de la France, de l’Europe que celui de la Planète et passer de postures de confrontation à des engagements de coopération.
Trop divisés face à trois terribles défis
Lire le fac-simile de l'article publié dans Ouest-France daté du 24 mars 2025 ou télécharger le post d'altersocietalNotre monde est face à trois terribles défis. Le premier, le plus ancien, se renouvelle perpétuellement, c’est celui de la technique. L’essor technique, combiné aux lois générales de la génétique, a fait naître notre humanité primitive. Elle s’est trouvée confrontée au second défi, celui de l’organisation sociale auquel l’irruption du symbolique dans notre préhistoire a permis de répondre, en forgeant un ordre social religieux et politique, toujours instable. Ensuite, nous sommes entrés dans l’histoire, au Néolithique, en forçant la nature par l’agriculture et l’élevage. C’est l’origine du défi écologique que nous avons provoqué par nos progrès techniques, appuyés sur un ordre social devenu étatique. Ce défi pèse comme une menace létale sur les générations futures.
La révolution industrielle européenne a libéré l’hyper-accélération d’un progrès technique illimité qui a plongé le monde entier ou presque dans la sidération. Des expositions universelles – avec la Tour Eiffel —, du chemin de fer au train céleste des satellites de Starlink, des opérations à cœur ouvert à « on a marché sur la lune », nous voilà passés de l’ordinateur et du robot à l’intelligence artificielle : l’outil ne nous sert plus, il va, si ce n’est nous remplacer, nous commander.
L’ordre social étatique, après des vicissitudes, s’orientait vers une voie démocratique. On espérait que plus aucun être humain ne soit mal nourri et tenaillé par le besoin, ne soit entravé dans sa liberté de penser, de s’exprimer, d’aller et venir. Que les guerres et les violences s’arrêteraient sous l’égide de l’Onu. Que les humains du Nord riche aideraient les humains du Sud pauvre à mener une vie digne et développée. Mais le défi social reste là, au Nord les inégalités et la précarité sont plus criantes et au Sud plus terrifiantes. Partout la démocratie semble en péril.
Même la prolifération démographique (nous sommes 8 milliards) et l’allongement de la durée de vie, interrogent. La planète pourra-t-elle nourrir tout le monde quand les exploits techniques, de l’agriculture et de l’élevage tout autant que ceux du panel fabuleux des produits industriels, mettent en danger les écosystèmes ? L’épuisement de leurs indispensables ressources et leur dégradation générale font ressentir durement leurs effets par le dérèglement et le réchauffement climatiques.
Face à ces trois défis nous sommes trop divisés. À l’échelon planétaire, on quitte le multilatéralisme démocratique de l’Onu et de l’approfondissement des échanges est négatif pour l’ordre social mondial et nous rend incapables de faire face collectivement à la menace climatique.
Européens, nous pourrions envisager d’être une puissance qui propage des valeurs évitant la régression sociale et la déliquescence écologique. Mais nos divisions nous en empêchent. À l’aube de la guerre, Churchill proposa le 16 juin 1940, une fusion de la Grande Bretagne et de la France. Toutes choses égales par ailleurs, ce rappel doit pousser l’Europe à faire plus que de tisser des règlements et de nouer des accords commerciaux.
Français, nous ne nous souvenons pas d’avoir vécu une telle division nationale, alimentée par une structure politicienne dont le peuple majoritairement se détourne. La reconstruction de notre unité passe certainement par les élections municipales plutôt que par la bataille qui sourd déjà pour l’élection présidentielle.
Marc Humbert, professeur émérite d’économie politique, Université de Rennes
Président de l’association Les convivialistes.
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